Changer son téléphone pour un modèle qui consomme moins, un geste écoresponsable ?
Les nouveaux appareils électroniques sont toujours plus puissants, proposent toujours plus de fonctionnalités, et sont, parfois, plus performants énergétiquement que les modèles plus anciens. C’est pourquoi, lorsqu’on reçoit la nouvelle offre promotionnelle de notre opérateur pour remplacer son smartphone par le dernier modèle, la tentation est grande. Après tout, si le nouveau modèle consomme moins d’énergie, c’est aussi un bon geste pour la planète de l’acheter, non ? Alors, bonne ou mauvaise idée ?
Un smartphone, comme tout autre appareil électronique, génère une empreinte environnementale à chaque étape de son cycle de vie :
- l’extraction des matières premières nécessaires à sa fabrication est polluante à plusieurs niveaux, (l’extraction reste toujours nécessaire car on ne sait pas, et il semble qu’on ne saura jamais, tout recycler dans un smartphone, notamment la microélectronique)
- son transport et son utilisation induisent des émissions de gaz à effets de serre,
- la gestion des déchets est également génératrice d’impact, toutefois elle sera ici nulle de par l’hypothèse d’un smartphone actuel encore pleinement fonctionnel, donc réutilisable sans reconditionnement.
La question est alors de savoir si les économies d’énergie réalisées grâce au nouveau modèle sont suffisamment importantes pour compenser les impacts de son transport et de sa fabrication.
Concernant les émissions de gaz à effet de serre (GES), les connaissances actuelles indiquent qu’en France l’utilisation de son smartphone compte pour moins de 1 % des émissions de GES de l’appareil(1). Ainsi, pour amortir les émissions de GES liées à la fabrication d’un nouveau smartphone qui consomme 20 % d’électricité en moins que le modèle précédent, il faudrait… 1680 ans !
1680 ans : C’est le temps qu’il faut pour amortir la fabrication d’un nouveau smartphone qui consomme 20 % de moins que le modèle précédent, lorsqu’il est utilisé en France.
Mais ce résultat est un peu différent si on regarde ce qui se passe dans d’autres pays, comme aux États-Unis, où l’intensité carbone du mix électrique est plus élevée qu’en France. Il faut ainsi 442 ans pour amortir la fabrication d’un nouveau smartphone qui consomme 20 % de moins d’électricité que le modèle précédent, lorsque les recharges sont effectuées aux États-Unis.
Ces résultats diffèrent également pour d’autres appareils du quotidien qui consomment plus d’électricité pour fonctionner, comme par exemple nos télévisions. Pour ces dernières, les émissions de GES liées à la phase d’utilisation peuvent dépasser de beaucoup celles liées à leur fabrication. Pour un nouveau modèle de télévision qui consomme 20 % de moins que le précédent, il faudra ainsi compter environ 24 ans en France pour amortir les émissions de GES de la fabrication, et 6 ans aux État-Unis.
On pourrait donc penser que, pour certains appareils et dans certains pays, renouveler son équipement est un geste écoresponsable. Cependant, quel que soit le pays d’utilisation, le renouvellement d’un appareil électronique n’est jamais rentable écologiquement parlant, car il est essentiel de garder en tête que l’impact environnemental de nos appareils électroniques ne se limite pas aux émissions de gaz à effet de serre. Et parmi les autres critères d’impact (eau, pollution des sols, …), l’extraction toujours nécessaire de métaux pour la fabrication est critique car ces ressources sont non renouvelables et très peu, voire pas du tout, recyclables notamment pour la microélectronique (microprocesseur, mémoire, etc). L’état de pénurie arriverait dans les 10 à 20 prochaines années selon certaines estimations (article à venir sur ce sujet).
Dans un soucis de durabilité, il est donc capital de limiter au maximum l’extraction de minerais. C’est pourquoi il est essentiel de faire durer nos appareils le plus longtemps possible et, lorsqu’il nous est nécessaire de changer d’appareil, d’opter pour un appareil reconditionné !
💡 Astuce !
Votre ordinateur « rame » ? Plutôt que de le changer, optez pour un système d’exploitation libre tel que Linux ! Vous retrouvez le plaisir de la performance de votre ordinateur lorsque vous l’avez eu pour la première fois en main.
Et si vous avez peur de devoir taper des lignes de code dans un terminal, rassurez-vous c’est fini depuis quelques temps déjà. Et parmi les différentes nuances (on parle plutôt de « distributions ») existantes, la dernière version 24.04 de la distribution Ubuntu vous donnera même des airs de Mac à votre machine 😎.
(1) Données datavizta.boavizta.org
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Les calculs pour les durées d’amortissement des émissions de gaz à effet de serre ont été réalisés sur la base des données datavizta.boavizta.org permettant d’obtenir une estimation des émissions de GES (en kg eq. CO2) pour les phases de fabrication (extraction des matières premières incluse) et d’utilisation de différents équipements.
À partir de ces données, les dates d’amortissement sont calculées à partir de la formule suivante :
t = GESfabrication / (GESutilisation x GESreduc)
Où :
• t est le nombre d’années à partir duquel les gains d’émissions de GES à l’utilisation sont égaux à la quantité de GES émis lors de la fabrication du nouvel équipement,
• GESfabrication est la quantité de GES émis lors de la fabrication du nouvel équipement,
• GESutilisation est la quantité annuelle de GES émis lors de l’utilisation de l’équipement dans un pays donné, à raison de 7h d’utilisation quotidienne,
• GESreduc est le facteur de réduction des émissions de GES à l’utilisation grâce au nouvel appareil (20 % dans l’exemple de l’article)
Les durées d’amortissement calculées sont des estimations et présentent un certain nombre de limites. Certaines phases du cycle de vie, comme le transport, ne sont pas prises en compte. De plus, les données sur lesquelles sont basés les calculs présentent de l’incertitude. En particulier, datavizta.boavizta.org utilise des données de la base impact de l’ADEME, pour lesquelles l’incertitude est quantifiée (données consultables sur le site de l’ADEME).
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