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20 décembre 2024

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Recyclage des métaux : l'antidote aux pénuries ?

Déchets électroniques

Métaux : les indispensables du numérique

Les métaux jouent un rôle central dans nos technologies numériques. Pourtant, peu d’entre nous savent de quoi sont composés les appareils que nous utilisons au quotidien. Nous savons bien souvent que du cuivre est utilisé pour les câbles électriques, ou que du lithium est utilisé dans les batteries, et certain·e·s savent même qu’on trouve des métaux précieux, comme de l’or et de l’argent dans nos téléphones. Pourtant, la liste des éléments qui composent nos appareils électroniques ne s’arrête pas là : une étude réalisée par l’association SystExt a ainsi révélé qu’un smartphone moyen était composé de 52 éléments différents(1) !

Détail des 52 éléments différents trouvés dans un smartphone moyen par l'association SystExt.

Le numérique requiert donc beaucoup de ressources abiotiques pour la fabrication de nos appareils (ordinateurs, smartphones, télévisions, serveurs, routeurs, montres connectées…) et en particulier une grande diversité de métaux.

Une exploitation non durable

Les métaux utilisés pour la fabrication de nos appareils électroniques sont, pour la plupart, extraits dans des mines. Cependant, l’extraction minière n’est pas, et ne peut pas, être durable du fait :

  1. de ses impacts environnementaux et humains désastreux ;
  1. de la quantité limitée de métaux sur Terre.

Car contrairement aux idées reçues, de grandes puissances mondiales comme les États-Unis d'Amérique, l'Australie ou le Canada font partie des pays avec le plus de surface minière au monde(2). Si certains problèmes sociaux, comme le travail des enfants, y sont heureusement moins présents, les problèmes environnementaux malheureusement demeurent car intrinsèquement liés aux activités minières. En effet, transformer une roche en un minerai nécessite obligatoirement de multiples procédés à la fois très énergivores et chimiquement dévastateurs. Ainsi, 8 à 10 % de l’énergie mondiale est utilisée pour extraire et raffiner les métaux(3). De plus, les pollutions persistantes des sols, de l’air et des eaux, souterraines et de surface, et la déforestation entraînent la disparition définitive d’écosystèmes entiers (avec des pertes importantes de biodiversité) ainsi que des empoisonnement des mineurs et des populations locales. Il n'existe donc malheureusement pas de "mine propre", même dans les pays dits "développés". C'est du fait de ces si grands impacts environnementaux et sociaux que le secteur minier est aujourd'hui le premier secteur au monde lié aux conflits sociaux-environnementaux ainsi qu'au nombre d’assassinats de défenseurs de l’environnement(4).

D’autre part, il est important de comprendre que les métaux sont des ressources non renouvelables et qu’ils ne sont pas présents en quantités illimitées sur Terre. On observe d’ailleurs un appauvrissement progressif des gisements les plus riches et les plus facilement exploitables, ce qui laisse entrevoir des risques de pénuries à plus ou moins long terme.

Le recyclage : un potentiel considérable

“Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme” aurait écrit Antoine-Laurent de Lavoisier ; et en effet, les métaux que nous utilisons pour la fabrication de nos appareils ne disparaissent pas de la surface de la Terre (sauf dans le cas de ceux que nous envoyons dans l’espace 🛰️ 🚀). Il apparaît alors évident que la solution au problème de pénurie pourrait être le recyclage : récupérer les métaux dans nos appareils en fin de vie pour en fabriquer de nouveaux.

En effet, le recyclage des DEEE, les déchets d’équipements électriques et électroniques, dont font partie nos appareils numériques, présente un très grand potentiel. Réalisé dans des filières officielles, le recyclage des métaux a des impacts environnementaux bien inférieurs à ceux de l’extraction de nouvelles matières premières(5). Le potentiel est d’autant plus important que nous produisons chaque année une quantité très importante de déchets : en 2022, 62 millions de tonnes de DEEE ont ainsi été générés à l’échelle mondiale(6). Des quantités si importantes qu’on entend parfois parler de mine urbaine pour désigner les ressources présentes dans ces déchets. De plus, certains déchets présentent des concentrations en métaux bien plus élevées que celles qu’on trouve dans les mines. Une étude de 2016(7), a ainsi révélé qu’il y avait plus d’or dans 1 tonne de déchets de cartes électroniques que dans 1 tonne de minerais d’or !

En plus de limiter les impacts environnementaux de l’extraction minière, le recyclage présente un potentiel intéressant pour la souveraineté de certains pays. En effet, la répartition inégale des mines entre les pays entraîne bien souvent des dépendances stratégiques. On estime, par exemple, que 95 % des terres rares sont produites par la Chine(3), créant ainsi une situation de dépendance pour les autres pays. Le recyclage des métaux pourrait permettre une certaine autonomie en matière première pour des pays qui n’ont pas de mines sur leur territoire.

Les défis du recyclage

Malheureusement, les choses ne sont pas si simples et les défis du recyclage sont nombreux.

  1. Tout d’abord, il faut savoir que seuls 22% des DEEE sont collectés et envoyés dans des filières de recyclage officielles(6). Il est donc essentiel d’augmenter le pourcentage de collecte et de limiter le recyclage clandestin, qui est un désastre environnemental et social. De plus, en prenant en compte les pertes aux différentes étapes du processus de recyclage, des études ont montré que même pour des métaux courants comme le fer, le cuivre ou le nickel, une unité de métal n’est réutilisée que 2 ou 3 fois avant d’être perdue(8).
  1. Parmi les déchets envoyés dans les filières de recyclage officielles, on ne sait pas tout recycler, notamment parce que les métaux sont intimement mêlés dans nos terminaux et ce d’autant plus que nos appareils se miniaturisent d’année en année. De plus, lorsque le recyclage est possible, il ne permet pas toujours d’obtenir des niveaux de pureté suffisant pour que les métaux soient ré-utilisables dans nos appareils. On parle alors de décyclage, ou downcycling en anglais, car le produit recyclé à une qualité ou une valeur moindre que le produit initial.
  1. Enfin, bien que le recyclage soit très largement préférable à l’extraction de nouvelles ressources, du point de vue environnemental et humain, cette activité n’est pas neutre.

    Le recyclage peut donc faire partie de la solution, et, bien qu’on ne sache pas tout recycler, toute extraction évitée permet de minimiser nos impacts. Mais au vu des limites de cette solution, la sobriété et l’augmentation de la durée de vie de nos équipements sont les seules options possibles à ce jour pour un numérique plus durable !

💡 Astuce !

Vous souhaitez vous débarrasser de votre vieil appareil qui ne fonctionne plus et en acheter un nouveau pour le remplacer ? Le vendeur a l’obligation de reprendre gratuitement votre ancien appareil directement en magasin, ou chez vous en cas de livraison. Sinon, le site ecologic recense les points de collecte officiels.

(1) Outil d’exploration des résultats disponible à ce lien
(2) Maus, V., Giljum, S., da Silva, D. M., Gutschlhofer, J., da Rosa, R. P., Luckeneder, S., … & McCallum, I. (2022). An update on global mining land use. Scientific data, 9(1), 433.
(3) Géosciences, la revue du BRGM pour une Terre durable. Géosciences n°15 - Ressources minérales : Contribution au Sommet de la Terre 2012 | BRGM
(4) Scheidel, A., Del Bene, D., Liu, J., Navas, G., Mingorría, S., Demaria, F., … & Martínez-Alier, J. (2020). Environmental conflicts and defenders: A global overview. Global Environmental Change, 63, 102104.
(5) Hischier, R., Wäger, P., & Gauglhofer, J. (2005). Does WEEE recycling make sense from an environmental perspective?: The environmental impacts of the Swiss take-back and recycling systems for waste electrical and electronic equipment (WEEE). Environmental Impact Assessment Review, 25(5), 525-539.
(6) Cornelis P. Baldé, Ruediger Kuehr, Tales Yamamoto, Rosie McDonald, Elena D’Angelo, Shahana Althaf, Garam Bel, Otmar Deubzer, Elena Fernandez-Cubillo, Vanessa Forti, Vanessa Gray, Sunil Herat, Shunichi Honda, Giulia Iattoni, Deepali S. Khetriwal, Vittoria Luda di Cortemiglia, Yuliya Lobuntsova, Innocent Nnorom, Noémie Pralat, Michelle Wagner (2024). International Telecommunication Union (ITU) and United Nations Institute for Training and Research (UNITAR). 2024. Global E-waste Monitor 2024. Geneva/Bonn.
(7) Geldron, A. (2016) . Métaux stratégiques : la mine urbaine française. Annales des Mines - Responsabilité & environnement, N° 82(2), 67-73. https://doi.org/10.3917/re1.082.0067.
(8) Graedel, T. E., & Reck, B. K. (2014). Recycling in Context. Dans E. Worrell, & M. A. Reuter, Handbook of Recycling: State-of-the-art for Practitioners, Analysts, and Scientists (p.22). Elsevier.

©Photo Chuttersnap, Unsplash.

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